Silence on triche
Préface

  Abu Dhabi Aout 1985 en pleine cania:

  

  

  

  

Une fois encore je me demandais ce que je pouvais bien faire ici, assis derrière le grand bureau prétentieux de pseudo banquier franco-arabe au deuxième étage des bureaux de la bien folklorique United Arab Bank située au milieu de Zayed Street, en plein chantier et à deux pas de la mer turquoise mais déjà polluée. J'y découvrais la clientèle la plus diverse que j'avais jamais pu imaginer, en dijdash, sarong, parfois enturbannée. Elle n'hésitait pas en abusant de mon hospitalité "arabe" et de la complicité de ma secrétaire palestinienne à franchir sans rendez vous la porte de mon bureau confortable où l'on buvait à petites gorgées un thé indien brûlant ou le café local à la cardamome servi par l'indispensable "Tea Boy". Ils venaient la tous dans le soucis de canaliser leurs petits et gros bakchichs.

De l'expatrié laborieux de chez Total à l'Emir nourri au sponsor-ship (bakchich) ils craignaient tous à cette époque la chute de leurs dollars souvent mal gagnés, qu'un énorme graphique placé derrière moi illustrait pour eux mystérieusement en courbes prospectives totalement bidons. Cela plaisait et attirait du monde, Cheikhs ou pas qui finissait immanquablement par faire partie du Club des clients de Sogenal Luxembourg peu regardante et généreuse pour payer ses apporteurs d'affaires en costumes ou en dijdash . La Suisse n'était déjà plus a la mode chez les Emirs.

L'encadrement était hétéroclite depuis les chefs de service tous pakistanais et indiens aux managers palestiniens en mal de reconnaissance et de fonds planqués. Pas un seul français formé maison pour juguler d'incroyables inepties bien tolérées au plus haut niveau de ma Direction qui me laissait arbitrer avec amusement la rivalité constante entre mon adjoint Irakien et la bien troublante Iranienne. Afsanné bousculait bien des tempéraments à la banque et surtout lors de ses représentations de danse du ventre au cours de soirées mémorables que nous organisions dans notre villa. La avec le grand art a recevoir de F nous invitions presque toutes les semaines un groupe de jeunes cadres de toutes les nationalités.Nous refusions les couples de banquiers aux tendances échangistes qui s'éclataient ailleurs sans nous en beuveries au bord de la débauche. L'alcool réglementée pouvait couler a flot derrière les murs des palais mais F veillait et sans rationner lançait de somptueuses fêtes sans débordement mais mémorable. La gente masculine n'était pas en manque d'opportunités, les européennes s'ennuyaient mais étaient bien courtisées dans un monde que l'occident ne voyait pas aussi frivole au premier abord et où les Cheikhs arrivaient toujours à leur fin.

Même dans les bureaux des banquiers les secrétaires pakistanaises ou de Beyrouth savaient se montrer bien affriolantes et plus directes que les belles poupées bien plus claires que j'avais pu observer à Londres où la traditionnelle Christmas party finissait toujours dans des relations acrobatiques oubliées le lendemain. La banque se cachait bien de ces turpitudes qui faisaient sourire les cadres anglais et émoustiller les secrétaires arrivistes que nous choisissions toujours sur la base de leur coté représentatif.

Aux Emirats ces relations étaient plus discrètes mais plus troublantes et omni présentes, l'amour se faisant beaucoup pendant la sieste que beaucoup ne passaient pas chez eux. Du plus important des Emirs au dernier des cadres expatrié de la généreuse société pétrolière du coin, les sexe était omni présent dans les rémunérations et la demande de comptes discrets alimentés aux commissions généralisées était forte. Les caprices des Emirs locaux nous faisaient monter des opérations délirantes avec des garanties financières à apporter pour des achats inconsidérés allant de dessous affriolants en passant par des fourrures pour aller au lit rond mécanisé tournant et au sous marin translucide pour baiser sous la mer. Les français n'étaient pas en reste et beaucoup de Directeurs venaient dépenser leur commissions en galante et coûteuse compagnie.

A Abu Dhabi c'était encore bon enfant mais plus tard en Corée et à Taiwan je découvrais qu 'il ne pouvait pas y avoir d'affaire sérieuse sans comm, rétro commission et sexe. Tous nos collègues venaient à Taipei pour cela et le comble c'est que de retour à Paris ils nous envoyaient des notes incendiaires sur nos budgets dépassés qui avaient servis à payer leurs sorties. Les cadres soumis disaient Amen, pas moi.Top

  

Ces agapes nous faisaient ouvrir des comptes "bis" discrets car elles coûtaient cher à Abu Dhabi dont les hôtels coûteux réservaient leurs meilleures chambres aux récréations sans ristournes, toujours accompagnées de force champagne. Les ingénieurs pétroliers en rotation en proposaient aux belles expatriées seules alanguies dans les relax des clubs de loisirs. Elles s'y prélassaient en exhibant les maillots les plus torrides que l'on pouvait imaginer en laissant deviner leurs corps bronzés sans marques brunis sur les îles de sable de Sadyat où elles se doraient souvent nues en criant quand un 4x4 venait les surprendre.

On est loin de la mentalité  des femmes voilées qui lorsqu'elles venaient à la Banque devaient se contenter du guichet féminin où une séduisante palestinienne spécialisée dans l'ouverture de comptes au Luxembourg les aidait à s'acheter des fourrures et des bijoux qui constituaient leur assurance en cas de répudiation. C'est Fadhia, que j'avais chargé de recevoir les femmes parce que trop belle pour nos clients qui appréciaient trop les charmes affichés de la palestinienne bien sournoise, habituée des soirées libertines libanaises où elle m'invitait quand j'étais célibataire. Elle rentrait dans mon bureau toujours en minaudant souvent à peine voilée d'un chemisier diaphane, fait pour deviner ses seins menus et nus, sous prétexte que je lui demandais de venir présenter ses dossiers avec des chemises transparentes ! Elle faisait monter très souvent la jeune femme de HH Sh Sultan à sa demande dans mon bureau. La jeune Sheikah attendait toujours son "cash" sans jamais s'asseoir, vêtue d'un immense voile dont on ne pouvait pas voir ses formes mais que je devinais lourdes. Elle cachait son visage sous un masque de cuir qui ne laissait voir qu'une paire d'yeux immenses très sombres et très maquillés au Kohl noir charbon. J'avoue avoir été troublé de comprendre le long discours charmeur et séducteur de ce regard envoûtant qui me perçait et semblait appeler au secours. Je croyais qu'elle ne parlait pas anglais et je me taisais en essayant d'interpréter ce silence et les promesses de ce regard qui semblait me raconter une histoire du poète Omar Al Kayam tant elle cherchait a m'envoûter. Quelques années plus tard du haut de la tour du Word Trade Center c'est elle bien entendu qui la première se souvint de nos silences quand je reconnus derrière le bureau de la responsable de Abu Dhabi Exhibition Center pour l'armement, une bien belle Sheika dont je ne connaissais que le regard marqué de Kohl. C'est elle qui m'invita 5 ans plus tard au restaurant français du Méridien et qui m'expliqua qu'elle avait été la première Sheika à quitter son mari. Tout un programme, Abu Dhabi avait bien changé avec aussi plus de touristes que d'expatriés.

Et plus de rétro commissions aussi dilapidées ici comme les bakchichs envolés au Luxembourg ou en Suisse pour les traditionalistes de la famille Al Nahyan marquée par la faillite de la plus grosse machine bancaire à blanchir: la BCCI qui avait tout son état major à Abu Dhabi où les Pakistanais régnaient sur l'encadrement des banques et le blanchiment dur. Je pensais bien naïvement a l'époque que leurs méthodes mafieuses étaient exceptionnelles.

A Abu Dhabi la BCCI pratiquait la corruption avec une organisation minutieuse en récoltant des dépôts de toute part, escroquant l'Emir et ses propres pauvres concitoyens qu'elle dépouillait sans vergogne. Les "banquiers de l'ombre" y pilotaient un empire criminel basé sur les unités noires: les tueurs d'Abedi , le service action de la banque. Un système qui a inspiré nos propres banques qui confient cela en France à des organismes spécialisés et privés qui ont pignon sur rue sous l'enseigne d'officines de renseignement dirigées par d'anciens officiers toujours en missions.

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Derrière la grande vitre arrondie et brûlante de mon grand bureau tapissé de shantung bleu, je pouvais voir le PR traverser en courant la cour grillée ou ne poussait plus rien, pour lancer 15 minutes avant mon départ la climatisation poussive de ma voiture qui s'accommodait mal des rayons de soleil des Emirats. Il brûlait tout ce qui pouvait survivre en bas et elle la 605 de prestige me laissait en rade de plus en plus souvent sous les sourires railleurs des cadres qui roulaient eux en Buick se prenant pour de nababs, trop biens nourris de commissions pas toujours très claires. F elle roulait en Transam 5 litres sans se faire jamais arrêter prise souvent pour la maîtresse d'un Emir.

En attendant de reprendre mes rendez vous et de recevoir le chef de la sécurité de HH Sh Zayed j'allais encore ce jour la, suffoquer sur la plage du Club de l'Inter Continental où je prenais mes repas de célibataire vers 15 h alors que toutes les épouses d'expatriés avaient toutes déserté la presqu'île où la mer me faisait résister et presque apprécier cette vie de patachon. En passionné de la mer je passais mes après midi à naviguer sur une coque, le catamaran Dart qui s'appelait Exocet faisant grincer souvent les dents des navigateurs anglais à qui j 'adorais faire des 'tribords'.

La en face du jeune Shiekh encore en dijdash qui deviendrait peut être plus tard le Ruler des UAE, je me sentais bien seul en caressant comme Sultan derrière nos Ray Ban en cuir le corps souple de la jeune allemande en vacance qui attirait tous les regards même féminins qui étaient encore la. Je me disais qu' en France il pleuvait sûrement sous les orages et que je n'étais pas fait pour Elle et qu'il faudrait bien en parler un jour. Nos relations étaient de plus en plus épineuses et j'étais finalement bien content d'être aussi éloigné de Paris et d'avoir le vendredi comme WE  ce qui avec le décalage horaire limitait au maximum nos correspondances directes et nos chances de disputes. Cela faisait longtemps que j'avais quitté la "maison" et que j'étais parti flirter avec d'autres mentalités tentantes plus ouvertes et bien chaleureuses. Apres celle de la claire Albion de Londres ennuyeuse, je n'avais pas hésité à rejoindre les tentations de la vie orientale connue pourtant pour ses turpitudes. Ici à Abu Dhabi on avait déjà changé de nom je n'étais déjà plus avec elle, la Société Générale mais avec sa fille bien plus excitante, la United Arab Bank, bien en retard dans ses techniques et totalement impliquée dans de bien curieuses pratiques. Avec les cadres de Total et les fonds des Martyrs de la Révolution la banque gérait cela sans que le siège ne trouve rien à redire. Il y avait pourtant la couverture occulte de fonds iraniens et palestiniens alors que des bombes explosaient à Paris et que nos crédoc d'armement passaient pour des livraisons de fruits. Mais cela n'était rien à coté de ce que j'allais découvrir en Asie en repartant pour la SG à Taiwan ou après de minables bakchichs, j'allais chasser les rétro-com et les blanchir en "margins accounts." La spéculation débridée venant couronner le tout.

La suite l'explique et montre ma résistance et mon divorce avec cette institution dominatrice qui me croyait son dévoué. De frasques et d'opérations médiocres j'allais découvrir peu à peu le montage d'opérations bien plus criminelles au profit d' une clientèle avide de retours et de solutions de blanchiment. Le nez sur le guidon et conscient du confort de ma situation pour ma famille, je ne voulais pas voir jusqu'au moment où….. je devint gênant. Mes scrupules devenaient insupportables et ma résistance intolérable. Le divorce fut violent.

De retour au bureau vers les 20 heures je laissais le Directeur de Total attendre de voir ses relevés laborieux car Ali le responsable de la sécurité de Sh Zayed était entré afin de négocier son prêt pour une nouvelle Mercedes en dépensant ses commissions pas encore percues. Cela commençait mal il était entré bien fier armé d'une superbe Kalachnikov en or ! et armée la culasse ouverte laissant voir la pointe peinte en rouge de balles tracantes ! Top